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Peut-on donner du CBD à un chien MDR1 + ?

Certaines races de chien sont susceptibles de développer une mutation sur le gène MDR 1 (pour Multi Drug Resistance ou Multirésistance aux médicaments).

Cette anomalie est responsable d’une sensibilité accrue à certains médicaments courants comme des antiparasitaires ou des antidiarrhéiques.

La mutation du gène MDR1 chez le chien entraîne des phénomènes de toxicité neurologique (pouvant aller jusqu’au décès de l’animal) à la suite de l’ingestion de ces molécules, même à dose normale.

Le Berger australien ou encore le Shetland font partie des races à risques.

La liste des médicaments en cause est longue et variée.

Qu’en est-il du CBD et du MDR1 ? Le cannabidiol est-il potentiellement dangereux pour nos Aussies ?

Sur ce sujet, les scientifiques sont plutôt rassurants, pointant une action cérébrale du CBD indépendante de la mutation MDR1 du chien.

 

Qu’est-ce que le gène MDR1 chez le chien ?

Ce gène code pour une protéine essentielle dans l’élimination de certains toxiques.

Gène MDR1 du chien : définition

Le gène MDR1 code pour une protéine, la glycoprotéine P qui se trouve dans la barrière hémato-méningée, c’est-à dire la membrane qui entoure le cerveau.

Cette barrière est remplie de vaisseaux sanguins qui vont apporter des nutriments au cerveau mais aussi permettre le passage de certains médicaments.

La glycoprotéine P sert de transporteur à travers la membrane. Elle pompe divers médicaments et toxiques entrés dans le cerveau et les rejette dans la circulation sanguine.

La mutation du gène MDR1 du chien a été découverte récemment (2001) par une équipe de chercheurs américains (1).

Ils ont mis en évidence une mutation par délétion du gène MDR1 associée à la sensibilité à l’ivermectine du Colley.

La délétion du gène entraîne la formation de plusieurs codons d’arrêt qui terminent prématurément la synthèse de la glycoprotéine P : Lorsque le gène est muté, la glycoprotéine P ne fonctionne pas correctement. Elle n’assure plus son rôle de « purificateur » et les médicaments s’accumulent dans le cerveau provoquant des symptômes de surdosage.

La mutation du gène MDR1 du chien peut être complète ou partielle : Certains animaux auront une mutation sur leurs 2 chromosomes (les chromosomes canins comme ceux des humains vont par paire), on dit qu’ils sont homozygotes mutés. Toutes leurs glycoprotéines P sont tronquées et ils sont à risque fort d’intoxication médicamenteuse.

Les chiens qui sont homozygotes normaux (aucune mutation) sont sans risque.

Enfin, certains animaux ont reçu de leur parent un gène MDR1 muté et un gène MDR1 valide.

On dit qu’ils sont hétérozygotes ; l’activité de la glycoprotéine P est d’environ 50 % par rapport à un chien homozygote normal. Ces chiens présentent donc un risque, mais plus modéré.

Quelles sont les races de chien à risque de mutation MDR1?

Les races concernées en France sont essentiellement :

  • Le Colley et le Shetland
  • Le Berger australien et le Berger américain (ou australien miniature)
  • Le Berger blanc suisse

Et, dans une moindre mesure, le Bobtail, le Border collie et le Berger allemand.

Attention, les chiens croisés issus de ces races à risque sont également susceptibles de posséder la mutation MDR1.

Pourquoi le Colley ou le Berger australien ? La mutation serait apparue spontanément au XVIIIème siècle sur un chien de berger ancêtre de la race Colley.

La mutation génétique s’est ensuite propagée au fil des générations chez le Colley, mais aussi chez les races apparentées.

Quels sont les symptômes associés à la mutation MDR1 chez le chien ?

Comme nous l’avons vu, lorsque le gène MDR1 est muté, la glycoprotéine P est non fonctionnelle et certains médicaments s’accumulent dans le cerveau du chien, provoquant différents signes cliniques :

  • Démarche non coordonnée, paralysie
  • Prostration ou, au contraire, excitation
  • Hypersalivation, vomissements
  • Pupilles dilatées, cécité
  • Tremblements, convulsions
  • Coma et mort

Il n’existe pas d’antidote à proprement parler pour cette intoxication.

Généralement, le vétérinaire hospitalise l’animal pour lui administrer un traitement symptomatique et éliminatoire.

À savoir : Hormis cette sensibilité médicamenteuse, la mutation du gène MDR1 n’a aucune répercussion sur la santé et la vitalité des animaux atteints.

Quels sont les médicaments à proscrire en cas de mutation MDR1 ?

Historiquement, c’est la sensibilité des Colleys à l’ivermectine qui a été mise en évidence en premier.

Cet antiparasitaire est aujourd’hui peu utilisé chez le chien pour lequel il n’a pas d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), sauf en cas de démodécie (une parasitose de la peau) rebelle.

Les médicaments à risque sont ceux transportés par la glycoprotéine P. Parmi eux :

  • Des antiparasitaires : ivermectine, moxidectine et doramectine
  • L’émodepside (Profender®), un vermifuge
  • Le lopéramide (Loperal®, Imodium®), un antidiarrhéique très courant

Mais aussi des anticancéreux, des tranquillisants (acépromazine) ou des antidouleurs (butorphanol).

 La vigilance est de mise pour tous les substrats de la glycoprotéine P.

Cependant, en 2016, le CNITV (Centre antipoison vétérinaire) n’avait pas mis en évidence de souci avec des molécules comme la milbémycine (Milbemax®) aux doses recommandées par le fabricant.

Que faire si mon chien appartient à une race à risque MDR1 ?

Toujours demander conseil à votre vétérinaire avant d’administrer un médicament à votre chien !

Et lire les notices, les potentiels effets indésirables graves chez les chiens mutants MDR1 y sont souvent indiqués.

Vous pouvez également faire tester votre chien pour connaître son degré de risque.

Tous les chiens de race à risque ne souffrent pas de la mutation MDR1 ; certains sont également hétérozygotes avec un risque plus faible (mais non nul).

On estime qu’environ 10 % des Bergers australiens et Shetlands sont à risque fort et 40 % à risque modéré.

Chez le Colley, c’est environ 45 % des individus à risque faible et 40 % à risque fort !

L’analyse visant à déterminer le statut du chien vis-à-vis du MDR1 est un test ADN.

On effectue un prélèvement buccal indolore par frottement de la muqueuse buccale ou une prise de sang.

Certains éleveurs fournissent les tests des parents, permettant a posteriori une évaluation du risque du chiot : par exemple, un mâle et une femelle homozygotes normaux donneront naissance à une progéniture indemne.

Dans le cas de parents hétérozygotes ou mutés, il faudra tester le chiot.

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CBD et MDR1 chez le chien : amis ou ennemis ?

Étant donné la gravité des intoxications liées à cette anomalie génétique, tout propriétaire de chien à risque est en mesure de se demander s’il peut administrer du CBD à son compagnon sans danger.

Voici quelques éléments de réponse.

Comment agit le CBD ?

Le CBD ou cannabidiol est un extrait du chanvre.

Il est utilisé depuis de nombreuses années chez l’humain et l’animal pour ses propriétés relaxantes, antalgiques voire anti-convulsivantes.

Contrairement au THC (delta9-tétrahydrocannabino), un autre composant du chanvre contenu dans le cannabis, le CBD n’est pas un stupéfiant ; il ne provoque ni accoutumance ni effet psychotrope.

Le CBD agit dans l’organisme en activant le système endocannabinoïde (SEC).

Ce système naturel régule de nombreuses fonctions comme l’humeur, le sommeil, l’appétit… Le CBD modifie certains récepteurs (les récepteurs cannabinoïdes CB1 et CB2) pour activer le SEC. Or les CB1 se trouvent dans le cerveau, où le cannabidiol va pénétrer.

Qu’en est-il donc pour nos chiens mutés MDR1, puisque nous savons que, du fait du déficit en glycoprotéine P, certaines substances peuvent s’accumuler dans leur tissu cérébral et provoquer une intoxication grave ?

CBD et MDR1 chez le chien : existe-t-il un risque ?

Le cannabidiol peut-il provoquer des effets secondaires sérieux chez le chiens mutants MDR1, comme certains Bergers australiens, alors qu’à la même dose il est sans danger pour un animal sain ?

Des scientifiques apportent un début de réponse dans une étude de 2016 sur des… souris (2).

Le but de l’expérience était de déterminer si le CBD était ou non un substrat de la fameuse glycoprotéine P.

Les chercheurs ont administré du cannabidiol à 2 lots de souris. L’un était porteur de la double mutation sur le gène MDR1 ; sa glycoprotéine P n’était pas fonctionnelle.

L’autre groupe de souris était sain. Les taux de CBD étaient mesurés avant et après l’administration du produit dans le cerveau et le sang des rongeurs.

Ces taux étaient équivalents chez les souris saines et chez les souris mutantes ; les chercheurs en concluent que le CBD n’est pas un substrat de la glycoprotéine P.

En clair, le CBD est éliminé du cerveau des souris par un autre processus que la glycoprotéine P puisque les souris mutantes n’ont pas un taux cérébral de cannabidiol plus élevé ; les souris mutées MDR1 n’ont pas plus de risque de surdosage que les souris non mutées, et il est fort probable que cette bonne nouvelle soit transposable chez le chien.

Comment administrer le CBD à un chien MDR1 + ?

Au vu de cette expérience rassurante, il semble tout naturel de faire bénéficier nos Colleys et Bergers australiens des bienfaits du CBD. Toutefois, comme pour n’importe quel chien, quelques précautions sont nécessaires :

  • Avant d’administrer du CBD à votre compagnon, assurez-vous de choisir un produit de qualité, sans THC et certifié par un laboratoire indépendant
  • Utilisez un CBD pour chien (et non pas pour humain !). Ne donnez surtout pas de cannabis à votre animal.
  • Respectez toujours les doses prescrites. Idéalement, commencez par la plus petite dose possible et augmentez progressivement jusqu’à la posologie préconisée pour votre animal
  • Rangez votre CBD dans un endroit inaccessible, même aux cascadeurs !

Le CBD est un allié de choix pour lutter contre le stress, l’anxiété ou les douleurs articulaires de nos chers compagnons… De plus, le cannabidiol n’étant pas un substrat de la glycoprotéine P, son utilisation chez les chiens souffrant d’une mutation sur le gène MDR1 est possible en respectant la posologie indiquée. Mutation MDR1 du chien et CBD ne sont donc pas incompatibles !

Notre équipe éditoriale

Vétérinaire & consultante pour Botaneo, elle est diplômée de l'École Nationale Vétérinaire de Nantes, praticienne à la Clinique Vétérinaire de l'Arche, ancienne attachée scientifique chez Universal Medica, spécialisée en recherche clinique et pharmacovigilance.

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